Le commissariat de Paouignan, dans la commune de Dassa-Zoumè, est secoué par une série d’accusations portant sur des faits de corruption, la disparition de dons matériels et le détournement d’équipements saisis. Au cœur de la tempête : le commissaire Josué Sossou, mis en cause par plusieurs sources concordantes pour sa gestion trouble de pockets Wi-Fi, de bobines (dynamos), et de véhicules transportant illégalement du kaolin. Face à ces accusations, l’intéressé rejette en bloc toute responsabilité. Mais les éléments d’enquête, recueillis par le Département Enquête et Investigation (DEI) du Groupe de presse Le Potentiel, soulèvent de nombreuses zones d’ombre.
Selon des sources du DEI, l’agence Moov de Paouignan aurait fait don de deux pockets Wi-Fi au commissariat courant mai 2025. Ces équipements, destinés à un usage collectif au sein de l’unité, auraient mystérieusement disparu. Mais dans sa réponse écrite adressée à Le Potentiel, le commissaire Sossou affirme n’avoir jamais reçu de don au nom du commissariat. Il soutient, pièces à l’appui, avoir acquis personnellement un pocket Wi-Fi auprès d’un agent de Moov, pour un montant de 25 000 FCFA. Une version qui, selon plusieurs témoins, ne tient pas face aux faits observés sur le terrain.
Un autre point chaud concerne l’arrestation de deux véhicules transportant du kaolin en mai dernier. Selon le commissaire, l’opération aurait été menée en son absence par un groupe se présentant comme des fonctionnaires du ministère des Mines. À son retour, dit-il, il aurait appris que ces individus avaient restitué les véhicules contre paiement d’amendes, puis laissé une enveloppe de 150 000 FCFA au poste. Soupçonnant une opération illégale, il déclare avoir immédiatement scellé les fonds et alerté le procureur.
Mais là encore, le flou persiste. Des sources internes évoquent une somme de 500 000 FCFA comme prix de la libération des véhicules. Pis, lors d’une audition hiérarchique, le commissaire aurait mentionné un montant de 300 000 FCFA. Des écarts de chiffres qui interrogent : entre 150 000, 300 000 et 500 000 FCFA, quelle est la vérité ? Et surtout, où se trouve cette fameuse enveloppe ?
Le troisième dossier concerne des bobines (dynamos), saisies auprès de moulins ayant fraudé la SBEE. Le DEI a appris que ces matériels auraient été détournés à des fins personnelles. Le commissaire, lui, évoque des objets « usagés et pourrissants » entreposés à l’arrière-cour du commissariat et dit vouloir améliorer les conditions de travail de ses agents.
Pourtant, des éléments troublants viennent contredire cette version. Quelques heures après la publication de l’article d’alerte de Le Potentiel le 25 juin, une moto et une bobine auraient été ramenées de nuit au poste, sans les formalités d’usage. Une opération nocturne perçue par certains comme une tentative de reconstitution précipitée de preuves manquantes.
Alertée, la hiérarchie policière a ouvert une enquête administrative. Tous les agents de l’unité ont été auditionnés sous anonymat et un questionnaire précis leur a été soumis. Les premières informations recueillies indiquent que l’affaire ne sera pas classée sans suite. La gestion des matériels, la traçabilité des fonds, et les liens entre le commissaire et les présumés usurpateurs sont désormais sous la loupe des autorités.
Le commissaire Josué Sossou, dans sa correspondance, adopte un ton ferme et défensif, rejetant toute implication et dénonçant ce qu’il qualifie de calomnies organisées. Il affirme avoir transmis les informations au procureur et s’être engagé à démanteler le réseau de faux agents.