Politique & Société

Régulation des médias en Afrique : la HAAC trace la voie face aux défis de l’ère numérique

À l’occasion de ses 30 ans, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) du Bénin a organisé, du 10 au 12 juillet à Cotonou, un colloque international sur la régulation des médias à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. Objectif : mieux encadrer l’information en période électorale pour garantir la transparence et la crédibilité des scrutins.

Réunis dans la capitale béninoise, des experts, responsables institutionnels et professionnels des médias venus de plusieurs pays africains ont échangé pendant trois jours sur les défis que posent les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, à la régulation de l’information électorale. Un enjeu d’autant plus crucial que la montée des fausses informations en ligne menace de plus en plus la stabilité démocratique sur le continent.

Sous le thème : « Médias classiques et numériques face aux mutations technologiques en contexte électoral », les débats ont mis en lumière les vulnérabilités actuelles des systèmes de régulation, mais aussi les pistes concrètes pour y remédier.

Une régulation proactive face à l’IA

« Avec le développement de l’intelligence artificielle, il existe un risque réel de manipulation des résultats ou de l’opinion publique via des algorithmes nourris par de fausses informations », a mis en garde Edouard Loko, président de la HAAC, en ouverture des travaux.

Le colloque a aussi été marqué par la participation de figures clés du gouvernement béninois, notamment la ministre du Numérique, Aurélie Adam Soule Zoumarou, et le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji. Tous deux ont appelé à une réforme en profondeur des mécanismes de régulation, tenant compte des réalités technologiques actuelles.

Vers un cadre africain harmonisé

Plusieurs communications de fond ont jalonné les discussions : rôle des régulateurs dans l’espace francophone, cadre juridique autour de l’IA, suivi des contenus électoraux en ligne, ou encore lutte contre la désinformation sur les plateformes sociales.

René Bourgoin, président du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC), a souligné la nécessité d’une vision continentale et d’outils partagés pour renforcer la résilience des démocraties africaines.

Six recommandations fortes

À l’issue des travaux, les participants ont adopté six recommandations principales :

1. Harmoniser les cadres juridiques sur le numérique et l’IA à l’échelle du continent.

2. Encourager une convergence des politiques via l’Union africaine.

3. Créer des cellules de veille spécialisées pour les contenus numériques en période électorale.

4. Former les professionnels des médias à l’utilisation éthique de l’intelligence artificielle.

5. Nouer des partenariats avec les plateformes numériques pour une transparence accrue des algorithmes.

6. Assurer un contrôle efficace de la publicité politique en ligne.

Protéger les démocraties à l’ère numérique

Cette rencontre internationale consacre l’ambition de la HAAC et de ses partenaires de rester à la hauteur des défis numériques. Alors que plusieurs pays africains s’apprêtent à organiser des élections majeures dans les mois à venir, la modernisation des régulations devient urgente. Plus qu’une simple adaptation, c’est une défense active de la démocratie qui est désormais en jeu.

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