Politique & Société

Bénin : Scission au sein d’OB26, le mouvement pro-Olivier Boko éclate

La crise couvait depuis plusieurs semaines, elle a désormais éclaté au grand jour. À l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire tenue à Cotonou, le mouvement Objectif Bénin 2026 (OB26), soutien historique d’Olivier Boko, se retrouve divisé en deux factions aux visions opposées.

OB26 n’est plus un mouvement unifié. Ce samedi 3 mai, une faction dissidente, menée par Juste Riphat Mitokpè, Igor Tossou et Nicolas Tchikpé tous suspendus récemment du mouvement a annoncé, à l’issue d’une conférence de presse, la destitution de Jean-Eudes Mitokpè de la tête du mouvement. Elle revendique désormais la direction d’une structure rebaptisée Nouvelle Dynamique pour le progrès.

Lors de leur intervention, les dissidents ont accusé Jean-Eudes Mitokpè de « gestion opaque et solitaire », l’accusant de vouloir « mener OB26 dans l’opposition », une ligne politique qu’ils rejettent fermement. « OB26 n’a jamais été dans l’opposition au président Patrice Talon », ont-ils insisté devant un parterre de militants et de responsables départementaux.

La nouvelle équipe dirigeante, conduite par Juste Mitokpè, entend maintenir l’ancrage du mouvement dans le soutien à la politique actuelle du chef de l’État. Elle a annoncé la mise en place d’une commission chargée de relire les textes fondateurs et d’adapter l’identité visuelle du mouvement à sa nouvelle appellation.

La réaction de la branche dirigée par Jean-Eudes Mitokpè ne s’est pas fait attendre. Dans la soirée, une déclaration a été publiée pour dénoncer une « tentative de captation illégitime du mouvement par des membres exclus pour fautes graves ». Elle qualifie la démarche de la faction dissidente de « manipulation politique » et affirme que Jean-Eudes Mitokpè demeure « le président légitime et incontesté » d’OB26.

« OB26 ne saurait être détourné de sa mission par des manœuvres de déstabilisation interne », lit-on dans le communiqué, qui rejette catégoriquement le changement de nom et qualifie le nouveau mouvement de « structure fantoche, née d’une assemblée illégitime ».

Si OB26 reste, pour ses membres fidèles, indissociable d’Olivier Boko, son avenir politique reste incertain depuis la condamnation de ce dernier à 20 ans de prison en mars dernier pour complot contre l’autorité de l’État. La désignation d’un nouveau candidat est évoquée, dans un contexte où le mouvement cherche à préserver son cap tout en évitant l’éclatement.

Cette crise interne ouvre désormais la voie à une guerre de légitimité qui pourrait se poursuivre sur le terrain judiciaire. Entre accusations croisées, fractures idéologiques et enjeux de positionnement face au pouvoir, OB26 est à un tournant de son existence politique.

Partager :
Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *