Politique & Société

Bénin : la démission des six députés des Démocrates, un choix de raison plus que de trahison

Depuis l’annonce de la démission collective de six députés du parti Les Démocrates (LD), les réactions se multiplient. Une grande partie de la base militante n’a pas tardé à qualifier ces élus de « vendus » ou de « traîtres ». Pourtant, à y regarder de plus près, leur départ semble davantage relever d’un choix réfléchi et d’une lucidité politique que d’une trahison.

‎Depuis 2016, le parti d’opposition traverse en effet des crises internes récurrentes : querelles de leadership, divisions autour des candidatures et tensions liées au positionnement politique. À chaque élection, les mêmes difficultés resurgissent, freinant l’efficacité du parti et son enracinement réel sur le terrain.

‎La situation a atteint un nouveau tournant à la veille de la présidentielle de 2026. Le candidat désigné, Maître Renaud Agbodjo, s’est lui-même retiré de la course, dénonçant un « imbroglio » interne. Dans le même temps, l’ancien président Boni Yayi, chef de file du parti, a annoncé vouloir se mettre en retrait pour raisons de santé. Deux signaux forts qui traduisent une crise profonde de confiance et de cohésion au sommet du parti.

‎Face à cela, les six députés démissionnaires, dont l’honorable Chantal Adjovi, affirment avoir agi par conviction. Dans une vidéo largement partagée, elle déclare vouloir « œuvrer pour le développement du pays », regrettant que Les Démocrates soient minés par des tensions internes, voire des menaces, pour des questions de positionnement électoral. Pour elle, la politique doit avant tout servir l’intérêt national, pas des luttes de clans.

‎Beaucoup estiment que ces élus rejoindront la mouvance présidentielle, aujourd’hui perçue comme un camp stable, orienté vers des résultats concrets en matière de développement. Leur choix, dans cette optique, peut être vu non comme une trahison, mais comme une volonté de participer à la dynamique nationale.

‎Au fond, la véritable responsabilité incombe peut-être au parti Les Démocrates lui-même. Tant qu’il ne parviendra pas à se reconstruire, à instaurer une discipline interne et à faire prévaloir la vision sur les querelles personnelles, il risque de répéter les erreurs qui ont déjà conduit à l’éclatement de son ancêtre politique, la FCBE.

‎Les démissions actuelles ne sont donc pas le symptôme d’une faiblesse individuelle, mais celui d’un parti qui doit urgemment se réinventer s’il veut peser durablement sur l’échiquier politique béninois.

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