Politique & Société

Bénin : Amissetou Affo Djobo , quand l’opposition cherche du souffle hors des frontières

Incapable de rallier la diaspora béninoise, l’ex-députée mise sur des soutiens étrangers pour faire illusion, au risque de perdre encore plus de légitimité.

À mesure que l’écho de sa voix se fait plus faible au sein de la diaspora béninoise, Amissetou Affo Djobo semble s’enfoncer dans une stratégie de survie politique pour le moins controversée : celle du « remplissage » par des soutiens étrangers. Un choix révélateur du malaise d’une opposition en quête d’audience… et parfois de prétextes.

Le dernier exemple en date est parlant. Pour une manifestation de la diaspora béninoise prévue le 17 mai à Washington, Mme Affo Djobo aurait sollicité la participation de groupes panafricanistes basés à New York, sans lien direct avec les enjeux béninois. Parmi les noms évoqués, celui d’Ibrahim Maïga, journaliste burkinabè-américain, connu pour ses positions militantes proches des régimes de transition de l’Alliance des États du Sahel (AES), pourtant critiques envers Cotonou.

Une stratégie de substitution ?

Le recours à ces relais extra-béninois interroge. S’agit-il d’un simple soutien solidaire, ou d’un maquillage destiné à cacher l’absence d’adhésion de la diaspora béninoise ? Selon plusieurs observateurs, cette démarche révèle avant tout un isolement croissant. « Lorsqu’on n’arrive plus à mobiliser sa base naturelle, on se tourne vers des figures extérieures qui, souvent, ignorent les réalités du pays », commente un politologue béninois basé à Bruxelles.

Du militantisme au ressentiment

L’évolution du discours d’Amissetou Affo Djobo illustre aussi une transformation plus personnelle. Loin de la femme politique active et mesurée qu’elle fut, ses déclarations récentes laissent transparaître une amertume profonde. Une phrase, captée dans un enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux, résume cette dérive : « Moi, j’ai fait Talon, qu’est-ce que j’ai eu dedans ? » Une confession perçue comme l’aveu d’un engagement désormais mû par la revanche plutôt que par la vision politique.

Le risque de l’instrumentalisation

Déjà en mars dernier, un collectif africain, la Dynamique Unitaire Panafricaine, avait soutenu une manifestation à Paris sous couvert de défense de la démocratie au Bénin. Mais les discours tenus ce jour-là ciblaient bien plus largement les gouvernements pro-occidentaux en Afrique que les enjeux politiques propres au Bénin. Ce décalage illustre une tendance inquiétante : l’utilisation de la cause béninoise comme prétexte à des luttes idéologiques globales.

Une diaspora à reconquérir

La diaspora béninoise, souvent mobilisée lors des grands débats politiques nationaux, semble cette fois peu réceptive. « On ne s’improvise pas porte-voix d’un peuple en exil sans l’avoir écouté d’abord », glisse un militant associatif basé à Montréal. Beaucoup dénoncent une instrumentalisation pure et simple de leur nom et de leur lutte.

Un tournant nécessaire

Pour retrouver une légitimité, l’opposition béninoise en exil devra se recentrer sur les attentes réelles des citoyens, sans quoi elle risque de se voir définitivement marginalisée. Car la démocratie ne peut être défendue efficacement que par ceux qui en partagent sincèrement les valeurs et comprennent la réalité du terrain.

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