La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a tenu, ce lundi 2 juin 2025, une audience très attendue dans une affaire impliquant un haut fonctionnaire en service à la Présidence de la République du Bénin. Le ministère public y a requis sept ans de prison ferme et dix millions de FCFA d’amende contre A. S., un contrôleur financier accusé d’abus de fonction et de blanchiment de capitaux.
Son frère, également poursuivi dans le dossier pour complicité, risque cinq ans de prison ferme. Un troisième prévenu, dont l’implication n’a pas été clairement établie, pourrait bénéficier d’une relaxe au bénéfice du doute.
L’affaire a éclaté à la suite d’une plainte déposée par un prestataire de la Garde républicaine, selon laquelle A. S. aurait exigé une commission de 20% sur des marchés publics en échange de leur validation. Des échanges retrouvés sur son téléphone par les enquêteurs viendraient appuyer ces accusations. Parmi les messages présentés comme preuves, certaines expressions, telles que « C’est 20% non négociable » ou « C’est la manne d’or », ont été jugées sans équivoque par le parquet.
Selon l’enquête, le mis en cause supervisait les finances de neuf entités publiques sensibles, dont la Garde républicaine et le cabinet militaire. Il aurait mis en place un réseau de sociétés écran via des prête-noms, afin de capter une partie des marchés publics. Il est aussi accusé d’avoir influencé la nomination de certaines Personnes responsables des marchés publics (PRMP) pour conserver un contrôle étroit sur les procédures d’attribution.
Son frère, également inculpé, aurait agi en intermédiaire et en soutien logistique du système présumé de détournement, exerçant des pressions sur des prestataires pour favoriser les intérêts du fonctionnaire.
Le ministère public a donc demandé la condamnation des deux frères, estimant les preuves suffisantes pour les retenir dans les liens des infractions d’abus de fonction, blanchiment et complicité. En revanche, le parquet a requis la relaxe du troisième accusé, faute d’éléments suffisamment probants.
Placés en détention préventive depuis le 18 février 2025, les prévenus devront encore attendre plusieurs semaines avant de connaître leur sort. Le verdict est attendu pour le lundi 7 juillet 2025.