Une affaire embarrassante secoue l’armée béninoise. Huit soldats sont poursuivis devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour leur implication présumée dans un trafic illicite de tenues militaires. L’audience a débuté ce jeudi 3 juillet à Porto-Novo.
C’est une affaire aux ramifications multiples qui a été portée ce jeudi devant la CRIET. Huit militaires béninois, de grades variés, sont accusés d’avoir organisé ou facilité un commerce illégal de tenues militaires, en marge des circuits officiels de l’armée. Les faits, selon les éléments du dossier, remonteraient à la fin de l’année 2024.
Le sergent Boco, présenté comme le principal acteur du réseau, a reconnu à la barre avoir écoulé plusieurs treillis militaires, obtenus avec la complicité présumée de magasiniers de l’armée. Ces derniers, selon lui, lui auraient donné leur aval en échange de commissions. Un autre sergent a admis avoir joué les intermédiaires entre des collègues en manque d’équipements et des revendeurs, évoquant « un besoin réel et non satisfait dans les rangs ».
Parmi les autres mis en cause, un caporal a affirmé avoir acheté une tenue pour son frère en poste au Niger. Il a révélé à la cour plusieurs noms de militaires qui auraient participé à ces échanges. Le prix de vente par tenue aurait été fixé à 8.000 FCFA.
Le soldat Tairou, quant à lui, est considéré comme le principal receleur. Il aurait réceptionné et revendu plusieurs tenues à un gendarme nigérien. Enfin, un ancien employé de la Société de transport maritime (STM) a admis avoir transporté des colis sans en connaître le contenu, qui s’est avéré être du matériel militaire.
L’affaire a éclaté le 19 mai dernier, après l’interception sur le fleuve Niger d’un colis suspect contenant une vingtaine de tenues militaires neuves. Cette saisie a permis de remonter jusqu’au réseau présumé, dont les échanges se faisaient selon l’accusation via des groupes de discussion internes et le bouche-à-oreille. Certains des soldats poursuivis ont affirmé que leur hiérarchie était informée officieusement des pratiques, sans toutefois intervenir.