La première session ordinaire de la Commission nationale de concertation, de consultation et de négociations collectives s’est ouverte ce jeudi à Cotonou dans un climat de tension palpable entre le gouvernement et les organisations syndicales. Si l’Exécutif, par la voix du ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, a salué « l’esprit de dialogue et de solidarité », les représentants syndicaux ont, eux, exprimé une profonde frustration face au manque d’avancées concrètes.
Présidant la session, Abdoulaye Bio Tchané a insisté sur la volonté du gouvernement, sous l’impulsion du président Patrice Talon, de faire du dialogue social un pilier de la stabilité socioprofessionnelle. Il a évoqué les réformes engagées pour dynamiser le secteur privé et créer des emplois durables, tout en invitant les partenaires sociaux à « maintenir un cadre d’échanges constructifs et respectueux ».
Mais ces propos n’ont pas suffi à calmer les critiques. Le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB), Kassa Mampo, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « dialogue de façade ». Selon lui, depuis août 2024, aucun progrès tangible n’a été enregistré sur les revendications majeures des travailleurs. Pire encore, une tentative de session prévue en novembre dernier aurait été empêchée par une intervention policière musclée.
Parmi les points de blocage soulevés : la stagnation des carrières dans la fonction publique, le non-reversement des aspirants au métier d’enseignant (AME) recrutés depuis 2019, l’absence de contrats pour certains enseignants et agents de santé, et la précarisation croissante de l’emploi dans le privé. Kassa Mampo a également dénoncé des atteintes aux libertés syndicales, pointant du doigt l’interdiction de manifestations et les violences à l’égard de travailleurs lors de rassemblements pacifiques.
Dans un ton plus politique, il a estimé que le pays glissait vers « une autocratie », étouffant les dynamiques sociales essentielles au développement. Tout en réaffirmant son soutien aux Forces de défense et de sécurité engagées dans le nord du pays, le leader syndical a exigé « le retrait sans condition des troupes françaises encore présentes sur le territoire ».